Vole
"Si tu veux voler, tu dois renoncer à la merde qui te pèse"
Toni MORRISON
En tant que Femme Noire, vivant dans un monde plutôt pensé pour un homme blanc, les obstacles se sont dressés sur mon chemin depuis ma naissance.
Que ce soit en grandissant aux Antilles, où en commençant ma vie d'adulte en France métropolitaine, tout a été plus difficile plus compliqué.
Grandir en apprenant tout sauf ce que tu devrais apprendre en priorité, à l'école, sprirituellement, en tant que femme au sein de la société, mais aussi concernant mon identité Noire.
Je considère que j'ai eu de la chance de grandir à proximité de mes grands-parents, car ce sont eux qui ont fait mon identité Noire malgré une société Martiniquaise TRES ALIENEE par les conséquences de l'esclavage.
Une société où on classe les personnes noires par degré de noir (chabin, quarteron, mulatre, sapotille, négresse, bleu), par degré de cheveu crépu (chapé couli, grin nin, coolie, ti zéro), où toute référence au continent Africain est négative.
Je suis issue d'une famille avec plusieurs couleurs, et des cheveux différents, j'ai eu la chance d'avoir une mère qui n'a pas fait de préférences entre ses enfants, mais j'ai des souvenirs de remarques des profs à l'école concernant ces différences, de personnes inconnues ou connues classant qui est chabine, coolie ou négresse, de personnes dans ma famille malheureuses d'être sorties trop noires par rapport aux autres, de personnes cherchant à épouser qui un blanc, qui un chabin, qui un chapé coolie (si en plus il est chabin c'est mieux), de personnes totalement aliénées.
Ces constatations sont toujours d'actualité aux Antilles à l'heure actuelle.
Et malgré ce que mes grands-parents m'ont transmi, j'ai commencé ma vie d'adulte de façon aliénée moi-aussi.
Ma prof de philo en terminale avait bien dit qu'il fallait s'éloigner de l'île pour ouvrir les yeux, ce que j'ai fait.
Mais c'est au bout de 4 ans à Bordeaux que j'ai commencé ma désaliénation, en commençant par arrêter de me défriser les cheveux, tout est devenu plus net au fur et à mesure.
Il m'a fallu encore des années pour me recréer mon identité, recommencer à parler la langue martiniquaise, apprendre encore et encore nos traditions héritées de nos ancêtres, la véritable histoire de l'Afrique, apprendre qui je suis encore et encore.
Avoir une autre vision de la société Martiniquaise, où on a du mal à parler la langue de nos grands-parents car c'est mal vu, où avoir un partenaire blanc est gage de réussite, où le m'as tu vu prime sur l'entendement, où il faut dépenser tous ses sous pour des fêtes à 10 000 lieux de sa propre identité, mais où la fête commémorant la fin de l'esclavage ne représente qu'un jour férié de plus pour la population.
Une population noire qui a tout oublié de sa véritable philosophie et spiritualité, et qui ose se demander pourquoi les jeunes sont tous perdus.
La situation est même pire pour les jeunes noirs de la diaspora, qui naissent et grandissent en france métropolitaine.
Ce sont les personnes les plus perdues identitairement parlant.
Sans langue propre, histoire, références, qui s'accrochent à toutes cultures (sauf la leur), toutes représentations (sauf les leurs). Des jeunes qui fuient leurs semblables, qui ont même peur de faire trop communautaire.
C'est seulement quand une injustice liée à la couleur noire de leur peau leur arrive, qu'ils ouvrent soudainement les yeux, et là ils tombent de très haut.
Je trouve ça particulièrement triste de renouer avec ses racines dans de telles conditions.
Mais il n'est jamais trop tard. Voler, se débarasser de la merde, c'est savoir qui on est, car c'est cette connaissance qui fait notre FORCE dans cette société.
Tenue :
Top bleu avec motifs ananas, manches chauve-souris, ZARA
Jean bleu, LEVI'S
Boots noires à talons, Anna FIELD (vues ici)
Bracelets indiens jaunes, achetés à la foire internationale de Bordeaux
Coiffure :
Twist out
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