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Publié par Lau Zed

La Rue Cases-Nègres

Cet été 2017 est synonyme pour moi de lecture.

Juste avant mes vacances, on m'a rendu des livres que j'avais prêté depuis 4 ans (quand même) à quelqu'un.

Des livres que j'adore, et dans lesquels je me suis replongée avec passion (des histoires d'amour et de vampires).

Une fois ces livres terminés, ma soif de lecture ne s'est pas estompée.

J'ai voulu continuer à lire, mais en changeant de style de livre.

J'ai décidé d'alterner entre les lectures faciles, à l'eau de rose, et les lectures que je repousse depuis un moment, car plus dures et tristes.

 

 

 

C'est à cette occasion, que je suis retombée sur un livre que j'ai depuis longtemps, mais dont je débutais la lecture pour m'arrêter au tout début :

La Rue Cases-Nègres de Joseph ZOBEL

Je connaissais déjà l'histoire que raconte ce livre, car il a été adapté en film par Euzhan PALCY, et que je l'ai vu des fois et des fois, je me suis même acheté le DVD.

Le livre n'est pas très gros, et pourtant, je n'arrivais pas à me lancer dedans, car ce n'est pas le genre de livre que j'aime lire petit à petit.

Quand je rentre dans une histoire comme celle-là, je dors à peine, je me lance à corps perdu dans le récit.

Et ce livre est de ce genre là.

Une histoire qui fait mal, mais dans laquelle on se laisse entraîner.

Je l'ai dévoré en 3 petites journées.

Et je l'ai fini en larmes.

Il fallait donc que je sois en vacances, que je n'ai pas à faire attention aux heures pour pouvoir m'y plonger, apprécier chaque ligne, chaque mot.

 

 

 

Cette histoire n'est pas la mienne, mais celle de mes ancêtres, celle que ma grand-mère m'a laissé entrevoir par ses propres souvenirs.

La vie difficile des noirs aux Antilles après l'abolition de l'esclavage.

Une vie, où un enfant souhaite grandir vite, trop vite, pour aller travailler et abréger la souffrance de sa grand-mère qui se tue à petit feu pour enrichir les békés.

Une histoire où une grand-mère, doit élever son petit-fils, avec des moyens proches du néant, en lui donnant une éducation (qu'on ne retrouve plus dans la société Martiniquaise actuelle), en prenant des décisions qui ne sont pas faciles pour elle, mais qui apporteront à cet enfant, un avenir meilleur, loin de sa triste existence.

L'auteur dépeint la société Antillaise des années 30, la petite enfance de son personnage principal, sa découverte de l'école, son adolescence, sa vie auprès de sa grand-mère puis de sa mère.

Son regard sur la société dans laquelle il grandit, à la Rue Cases-Nègres, puis à Petit Bourg et enfin à Fort-de-France.

 

 

 

J'ai adoré la façon dont le personnage, depuis son plus jeune âge, a conscience des choses et des gens autour de lui.

La manière dont il se lie d'amitié avec les gens, leur donne une place capitale dans sa vie, il est intelligent mais n'en joue pas, ne se met pas au dessus des autres.

Il est pauvre mais savoure la vie, n'oublie pas d'où il vient, connaît la valeur du sacrifice de sa grand-mère.

J'aime que quelqu'un mette par écrit, combien c'est difficile pour un noir de sortir de la misère dont son destin l'entrave.

J'aime dans la dernière partie du livre, les réflexions ,que le jeune homme que le personnage est devenu, a.

"pourquoi un noir quand il commet la moindre petite faute, est renié par un autre noir", "pourquoi mépriser sa propre couleur, alors que les personnes d'une autre couleur ne le font pas", "pourquoi souhaiter éclaircir sa couleur", "pourquoi le noir doit endurer toute cette misère", "pourquoi il y a un avenir tout tracé pour les personnes noires"

Ce livre est dur et vraiment triste, mais il y a dans ce livre, tellement de sujets de réflexions, tellement de grandeur, de force et de courage.

C'est un livre qui mérite d'être étudié aux Antilles, et que je n'ai pas eu la chance de voir une seule fois en classe d'ailleurs, pourtant j'ai étudié de la maternelle au lycée en Martinique.

C'est un livre qui renvoie les Martiniquais noirs à leur histoire, et je pense que c'est nécessaire à notre époque, où on oublie beaucoup de choses nous concernant. Où on pense plus à faire la fête, qu'à savoir qui on est et où on va. Ou on se désolidarise de ses frères de la Caraïbe ou de l'Afrique. Ou certains ne font plus l'effort de parler créole, ne mettent pas leur culture en avant, ne connaissent pas leur histoire, les termes employés à tout va sans en connaître le sens véritable, leur musique, littérature et art. J'aurai l'occasion d'en reparler à l'avenir sur mon blog.

 

J'espère vous avoir donné l'envie de découvrir ce livre si vous ne le connaissez pas, ou au moins l'envie de le relire, ou de regarder le film.

Je vous embrasse, et n'hésitez pas à me donner votre avis si vous connaissez ce livre.

A très vite.

 

 

 

 

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